Franck Bouysse, Né d’aucune femme, Livre de poche, 2019, Grand prix des lectrices de Elle.
La magie des cabanes à livres ! Devant chez moi, j’ai installé deux cabanes à livres, une pour les enfants, une pour les adultes. Les livres arrivent, repartent, bougent, changent au gré des passages, toujours discrets mais réguliers.
Une personne, un samedi matin, jour de marché, a déposé Né d’aucune femme de Franck Bouysse et je l’ai lu. C’est un roman cinématographique. Les descriptions sont si fines, si précises, que l’on voit distinctement chaque scène, chaque passage. La pauvre Rose est vendue par son père, qui s’en repentira, à un seigneur maître des forges, géant, grossier, violent, sans pitié. Il viole la jeune fille de 14 ans, en paraissant 16 et l’enchaîne et l’empêche et la martyrise, avec l’aide de sa vieille mère atroce. La Rose n’est pas si bête, elle réfléchit, comprend, avance, mûrit aussi. Les cahiers de Rose, sa petite vie, sont transmis à un jeune curé par une infirmière d’asile. Le roman est animé de plusieurs voix : celle de Rose, celle d’Edmond, qui va l’aider un peu; Elle, la mère de Rose; Onésime le père de Rose.
C’est une histoire tragique, un conte cruel. L’histoire est hypnotique, je n’ai pu m’en détacher. J’ai gardé en tête l’histoire longtemps après avoir reposé le livre dans la cabane à livre. L’histoire m’a touchée, remuée. Vous laisserez-vous toucher vous aussi ?