Jeanne Benameur, Vers l’écriture, édition Actes sud, 2024, 167 pages.
L’auteure, Jeanne Benameur, ancienne professeure de français dans un collège de la banlieue parisienne, a été formée à l’animation d’ateliers d’écriture dans les années 80 par Élisabeth Bing (son fameux livre : Et je nageai jusqu’à la page, lapsus pour dire plage).
Dans ce livre qui révèle ses techniques et quelques thèmes d’ateliers d’écriture, l’auteure déploie une langue posée et accessible. Sa psychanalyse (à laquelle elle fait référence régulièrement) éclaire sa façon d’être et d’animer les ateliers. Ses « exercices » sont divers et inspirants. Elle ne donne pas le nombre d’heures et la cadence mais la lecture de cet essai m’a donné deux choses : je suis dans les clous en n’écrivant pas en même temps que les participants, en étant présente et bienveillante, en accompagnant avec discrétion et empathie, sans y mettre d’explication psy. Il faut également lire, ce que je fais. (Oui je sais, je suis modeste !)
Elle pousse les « scripteurs » à retravailler leur texte, à ne pas le lire, à créer une relation entre son écriture et soi. Ce que je n’incite pas dans ma pratique d’animation. Je transmets idées, livres, culture et aime le premier jet, celui qui naît sans réflexion, sans temps consacré à se relire ou à réécrire. C’est un parti pris de l’immédiateté sur la quantité et la qualité (quoique !)
Le rythme de mes ateliers est soutenu et les jeux d’écriture nombreux. Je ne laisse pas le temps de souffler, l’écriture vient toute seule et la lecture des différents textes amène beaucoup de joie et de surprises. de meilleure estime de soi également, tant pour les participants que pour moi.
Le bémol émis par l’auteure (par solidarité avec ses pairs qui doivent gagner leur vie en vendant des livres et en animant des ateliers d’écriture), c’est qu’idéalement il faudrait être auteur édité.
Je pose la question : faut-il avoir accouché pour être une bonne sage-femme ? Faut-il avoir publié pour être une bonne animatrice ? La question est intéressante et ouverte. Moi, le diplôme qui m’a le plus servi dans ma pratique professionnelle, ce n’est pas ma maîtrise de lettres modernes mais… mon BAFA !